samedi 5 février 2011

Cherry picking et retour en mainland.




Après un bon mois de silence, voici la suite de nos aventures lutines.

Pour pouvoir profiter à fond des parties les plus intéressantes de notre voyage (le nord et l'ouest), on a décidé de bosser à fond jusqu'en avril pour etre tranquilles économiquement. En australie le meilleur moyen de gagner des sous rapidement c'est de ramasser des fruits et légumes au rendement, pour le meme boulot on gagne au moins deux à trois fois ce qu'on ferait en France. En Tasmanie le fruit sur lequel se jettent tous les pickers, c'est la cerise. Pourquoi ça ? Parce qu'un caribou enragé peut gagner 600$ en une journée de 10h, et qu'un français moyen peut aisément atteindre les 300$ dans la meme journée.

Malheureusement pour nous, la météo capricieuse n'a pas été du coté des producteurs de cerises cette année : notre première ferme a perdu la moitié de ses arbres à cause d'une maladie, il nous a conseillé d'aller voir ailleur si on voulait bosser plus de 3 jours.
Deuxième ferme, l'exploitation est plus grande, mais l'ambiance reste familiale. Les premiers jours sont prometteurs : presque 200$ par jour alors qu'on doit encore trier la plupart des fruits. Et là, c'est le drame : la pluie. Pour ceux qui n'ont pas fait option agriculture à l'école, sachez que quand il pleut au moment où les cerises sont mures, elles éclatent, devenant du meme coup invendables. Le travaille devient moins payant (on perd un temps fou à trier les cerises abimées) et la saison est écourtée d'une bonne semaine.

Face à la crise de la cerise, on a tenté un autre fruit, moins payant puisque payé à l'heure mais moins capricieux : l'abricot. L'entretien d'embauche est presque plus incohérent que celui pour devenir instit :
«_ Are you good workers ?
_Yes.
_Are you sure ?
_Yes
_You're not color blind ?
_No (ce qui est un mensonge effronté de la part de notre ogre national)
_Ok you start tomorrow morning, juste take the paperwork and come tomorrow at 6H15. »
Seul souci : Colas est daltonien. Après une matinée à passer derrière lui pour rammasser les fruits murs qu'il a vu verts et à trier son sac pour en retirer les fruits verts qu'il a vu orange, je me retrouve tout seul. Le lendemain, Colas déjà retrouvé du boulot dans une autre ferme de cersies, du coup il prend la voiture et je vais au boulot avec un voisin du camping qui ramasse des cerises sur la ferme ou je ramasse les abricot. Malheureusement on a un peu fait la fete au camping la veille et on arrive avec un bon quart d'heure de retard, la ferme fait 100ha et je ne sais pas du tout où sont rendus les ramasseurs d'abricots. Tant pis, je passe au bureau annoncer à la secrétaire que je préfère rammasser des cerises et me voici avec du boulot pour encore neuf jours.

Pendant tout ce temps, on a trouvé un camping gratuit situé à moins de cinq kilomètres de toutes les fermes où on a bossé, et malgré la proportion très important de backpackers français sur le camping, on y a passé un très bon moment.

Parmis les faits marquants sur le camping, on est devenus les mascottes de campania après avoir pris l'habitude de faire du pain au feu de bois tous les deux jours.
Oui oui vous avez bien lu, on fait du pain au feu de bois, grace à une gosse marmitte en fonte qu'on a achetée d'occasion à une backpackeuse de passage et à un wok du meme acquabit qui fait un pétrin parfait, le tout pour un prix qui défie toute concurrence : meme pas la moitié d'une nuit de backpack à deux.
Pour ce bon plan, il faut rendre un hommage particulièrement mérité à Jorgen. Jorgen est un allemand immigré en Australie depuis sept ans, et la vie au soleil lui a un peu tapé sur le crane. En nous voyant faire du pain, Jorgen en a conclu qu'on était des bons cuisiniers, et à chaque moment que l'on passait avec lui, il nous expliquait comment cuisiner et braconner chacune des espèces qui vivent en Australie. Il nous a meme fourni le piège nécessaire au braconnage de langouste, et il a failli nous ramener un wallaby qu'on avait promi de lui cuisiner suivant la recette du lapin aux olives.

Outre nos délires culinaires, nous avons pu profiter sur le camping de la présence de très nombreux musiciens : saxophone, guitare, clarinette, banjo, harmonica, djembé, bodhran, tin whistle, et bien sur tout notre bordel personnel.
Parmis toute cette joyeuse bande, il y a Roy, qui a converti Colas à l'harmonica (à l'heure où j'écris cet article Colas est en ville et court de magasin de musique en magasin de musique pour s'acheter un bon harmonica) et avec qui j'ai fait un troc plutot avantageux : j'ai récupéré une guitare électrique pour une guimbarde plus 20$.

C'est donc avec la voiture chargée de quelques kilogrammes supplémentaires que l'on a quitté la Tasmanie pour rejoindre Melbourne. Au programme : charger encore un peu plus la voiture en récupérant le didge de Colas et en passant dire bonjour à Bruce Rogers.
Mission réussie, moins de 24h après notre arrivée en mainland on a deux didgeridoos en bois qui encombrent un peu plus notre titine : un gros mi de sagouin que Colas pourra décrire mieux que moi ; et un Bruce Rogers en do avec toutes les caractéristiques d'un bon Bruce grave : une belle basse, des harmoniques dans tous les sens, une très bonne réponse aux vocalises, et ce grain de son made in Bruce.

En arrivant on pensait filer vers Shepparton pour la saison des pommes et des poires, mais tout le monde nous dit que c'est innondé.
Par peur de finir nos nuits dans une tente/radeau et de cueillir dans les conditions de l'overland track, on préfère continuer notre route vers l'ouest et le désert du South Australia où il y a aussi quelques pommes.
Malheureusement nos infos pour les pommes datent un peu, une grosse usine a fermé dans la région et il n'y a plus de place pour les pickers étrangers dans les vergers. Tant pis, ont descend la Murray river vers l'est, direction Mildura, gros centre de production de légumes où il y a du boulot toute l'année.
Effectivement on trouve facilement du boulot, mais les conditions de travail ressemblent étrangement à celle que pourrait offrir la maffia : notre travail consiste à clouer des baches pour protéger les vignes, payé au cep (mais jamais on a réussi à connaître le prix pour un cep). Le boulot est sensé commencer à 6h30 mais de 6h30 à 8h on passe notre temps en voiture à voyager de vigne en vigne avant d'atteindre celle où on doit effectivement bosser. Une fois qu'on commence enfin à travailler, on essaye de courir pour faire du rendement et rattraper le temps perdu, mais on se heurte à la météo locale : Mildura est situé en plein milieu du désert, et passé 10h il fait très très très très chaud (environ 42° et un soleil bien violent qui n'est atténué par aucun nuage). Malgré tout on se donne du mal pendant quatre heures pour apprendre qu'en fait ce sera payé à l'heure à 10$ brut (soit mois qu'un smic français, une vraie misère en Australie). Après un total de 5h30 de boulot, le boss nous dit qu'il fait trop chaud, et après une heure et demi de transport de vigne en vigne on rentre au camping avec 40$ chacun.

Après cet échec cuisant, on décide de fuir le plus vite possible Mildura, on continue donc notre route vers l'est jusqu'à Shepparton (qui n'est en fait pas plus inondé que Champtoceaux lors d'une cure moyenne de la Loire).

A ce propos je tiens à rassurer un peu tous les français qui paniquent en voyant les images d'inondation en provenance d'Australie : les journalistes français profitent des inondation pour produire de l'image choc mais n'ont qu'une idée très vague de la situation réelle sur place. Les inondations concernent surtout le Queensland où il est vrai que l'eau est montée très vite et très haut, mais le reste du pays n'est pas noyé. A Shepparton, les inondations sont annoncées comme catastrophiques par google, pourtant l'eau ne déborde pas des fossés, et les crues de la Loire sont bien plus impressionnantes que ce qui se passe ici. C'est à peu près le cas pour toute la vallée de la Murray river, et à priori pour toutes les zones « inondées » du New South Wales et du Victoria.
Pas de panique donc si on ne répond pas à vos mails, c'est juste qu'on ne se connecte à internet que rarement, et principalement pour chercher des infos, vu le prix de la connexion et la lenteur des connexions gratuites ce serait dur de répondre aux 40 mails qu'on reçoit à chaque fois qu'on se connecte.

lundi 3 janvier 2011

Partager  des photos sur internet c'est bien mais c'est lourd à transférer.

Pour accélérer la navigation de ceux qui veulent simplement prendre de mes nouvelles et tout de meme laisser aux autres la possibilité de voir des photos pas trop réduites,vous avez maintenant sur votre droite un petit apperçu de ma gallerie flickr, il suffit de cliquer dessus pour voir les photos qui méritent une bonne résolution

Parmis ces photos, beaucoup sont des photos nécessitant des retouches par informatique (panoramiques, images HDR...). Tout ces petits traitements informatiques se font assez rapidement mais il faut tout de meme s'y consacrer, et en voyage ce n'est pas toujours facile de se libérer du temps ; alors ne vous étonnez pas si de temps en temps vous voyez ressortir un panoramique de l'overland track au milieu des photos du top end.

dimanche 2 janvier 2011

La vie en Tasmanie

Et c'est parti pour un article trèèèès long avec tout plein de choses à raconter dedans.



Pour feter les un peu plus de un mois de squattage de l'ile au diable, vous allez avoir droit à un résumé de tout ce qu'il s'est passé pendant le-dit mois.



Après l'overland track, nous avons échoué avec le dear master Colas dans la capitale du plus petit état australien : Hobart. Dans cette magnifique ville qui ressemble comme deux gouttes d'eau à toutes les villes post-coloniales d'Australie, nous nous sommes battus becs et ongles pour réussir à adapter notre mode de vie lutin à la culture locale.



Voici donc en exclusivité pour vous, le premier guide de survie en milieu hostile destiné aux lutins épicuriens de tous poils perdus n'importe où dans le commonwelth.




Article premier : la nourriture (et dieu dit : "je placerais le lutin au milieu d'un buffet et il y mangera". Et donc les lutins vivent au milieu d'un buffet et y mangent. buk buk boon ;III, 2 )


La première difficulté concerne bien évidemment la nourriture. Chacun sait que le lutin a trois activités principales dans la vie : manger, dormir et faire de la musique. Le lutin moyen s'accommodant très bien de deux mètres carrés à l'abris du froid et de la pluie pour dormir, et mon sac à dos contenant suffisamment d'instruments pour satisfaire les besoins en ondes sonores d'une tribue de korrigans (flutes, sansula, guimbardes et harmonica) ; le point le plus difficile à résoudre est donc le premier.



Pour cuisiner efficace et bon, pas besoin de se ruiner, meme dans un pays ou le kilo de pommes est plus chère que le kilo de boeuf en France.
Il suffit de se construire un régime à base de patates, riz, pates et lentilles, le tout accompagné invariablement d'oignons et achetées exclusivement en grosse quantité (pour l'instant nous avons facilement 20 kg d'oignons au compteur).
Guettez bien les réductions, les prix varient de manière totalement anarchique aux antipodes et vous pouvez avoir la chance de tomber sur un bidon de 3L de très bonne huile d'olive pour 12 € alors que son prix de base est de 36 €, et ce genre de réduction sans raison peut arriver à n'importe quel moment sur n'importe quel produit.
 
Bien évidemment il faut apporter un peu de variation à tout ça, donc foncez vers le Eumarrah (biocoop en mode australie, c'est à dire pas forcément bio) le plus proche et faites le plein d'épices en vrac, pour 10$ vous pouvez acheter une grosse boite pleine d'épices de très bonne qualité.


Dans les fameux eumarrah, le principe du vrac a été poussé bien plus loin qu'en france, ici on peu acheter son miel, son beurre de cacahuète ou sa sauce soja en vrac, ce qui revient à beaucoup moins chère que les memes produits en supermarchés alors qu'ils sont de moins bonne qualité ; videz donc les poubelles d'un backpacker, récupérez les pots vides et remplissez les (ce qui permet meme de créer des recettes originales et délicieuses bien que peu diététiques)
Dans les memes eumarrah, vous avez un autre ingrédient de base de toute la cuisine française qui manque cruellement en Australie : tout ce qu'il faut pour faire une bonne boulangerie patisserie. Les gros sacs de farine bio ne sont pas très chères et ils vendent de la levure, de la vraie, pas de la poudre chimique inefficace.

du pain !!!!!!!!!!

Passé les deux premiers jours où vous aurez honte de manger aussi peu équilibré vous finirez par prendre gout aux exclamations ahuries des personnes qui vous entourent : "woahow !!! you're frying oignons !!!" "Howw!! look at this bread, it looks healthy !!" "What ? You cook your rice in milk ? That's crazy" "You're still in the kitchen ?? But you were already here 4 hours ago !!"



Article binaire : le logement (et dieu dit : "Je donnerais aux lutins des voitures et des parcs pour squatter" et donc les lutins squattent des parcs et dorment dans leur voiture. didjaman II 7)



On l'a déjà dit (oui oui, suivez bien), le lutin n'a pas des exigences de confort extremes, il lui suffit d'un espace suffisant pour dormir, d'un espace protégé du vent ou d'un feu pour cuisiner et d'un accès à l'eau pour la cuisine et l'hygiène de base.



Heureusement, dieu a donné aux constructeurs automobiles des ingénieurs prévoyants (ou chanceux) qui ont pensé à doter les voitures modernes de tout le confort nécessaire à la vie en espace clos.
Grace à notre superbe Holden Astra 1,8L unleaded 1988 GLXSRTDTI (une 205 qui consomme 9L aux 100), nous avons l'espace nécessaire pour stocker tout un tas de trucs vitaux (bouffe, duvets, eau, instruments de musique, batterie complète de cuisine, stock de pots à confiture vides, réserve de gaz pour 3 semaines, machette...) ou inutiles (vetements, chaussures, Thierry, Benoit). Malgré tout le bordel qui traine dans cette petite titine on arrive très bien à dormir dedans (et pourtant la corpulence de Colas embarrasse les ingénieurs automobiles) et à y cuisiner quand on a pas d'endroit abrité du vent.   


En plus de la voiture, le lutin a besoin de quelques autres éléments de base pour parfaire son logement itinérant :
_Un Hobart Hostel, très bon backpacker où on peut rester 24h d'affilé dans la cuisine sans s'attirer les foudres des gérants. Il suffit de venir au Hobart Hostel une fois tous les 10 jours environ pour faire une bonne réserve de pain, des crèpes, des rillettes, et pour faire le plein des batteries des appareils électriques.
le hobart hostel

_Un transit Backpacker, très mauvais backpacker qui a pour seule qualité d'etre un moulin. On peut s'y rendre sans scrupule pour prendre des douches et se lavers les dents. Le transit backpacker est aussi un précieux allié lorsque notre transit intestinal dopé aux oignons se fait sentir et que l'on est en centre ville (et par conséquent loin de toilettes publiques décentes).

 le transit backpacker, grosse usine de très peu de classe.

_Des parcs gratuits, on en trouve assez facilement dans les villes et villages, ces parcs sont très pratiques puisqu'ils offrent généralement un coin à l'abris du vent pour cuisiner et des toilettes publiques propres ; ainsi qu'un parking calme et gratuit à proximité.

un parc à Lindisfarme, banlieue de Hobart.

_Des camping gratuits, pour les trouver il faut s'éloigner des villes tout en évitant les parcs nationaux qui sont des aimants à touristes. Ce sont généralement des endroit séparés de toute civilisation par 20km de gravel road et situés près d'un coin de nature très classe (baie, foret...). On peut également y faire du feu, ce qui est bien puisque ça permet d'économiser du gaz. 



Article cubain : la musique (et dieu dit : "Je mettrais des tubes dans les mains des lutins et ils en tireront des ondes sonores qu'ils feront varier au gré des errances de leurs cerveaux » ." et donc les lutins utilisent des tubes pour produire des ondes sonores qu'ils font varier au gré des errances de leurs cerveaux. regou IV 57)



Pour cet article, il faut remettre les choses à leur place concernant le didgeridoo en Australie.
Cet instrument a été inventé par les aborigènes du nord du continent, région où le climat et la végétation sont propices à l'installation de colonies de termites dans des troncs d'eucalyptus qui deviennent alors des instruments de musique.
Récemment, les blancs australiens qui jusqu'à présent regardaient cet instrument avec dédain :

(« berk y'a qu'une seule note, c'est un instrument de noir primitif, oui n'est-ce pas » à prononcer avec la voix de pi imitant jean marie le pen ) se sont rendus compte du potentiel économique découlant de l'exploitation irraisonnée de cet instrument. On trouve donc partout de magnifiques "didgeridoos authentiques des arborigènes du timor oriental, instrument sacré utilisé dans des rituels cannibales" qui sont tout sauf des instruments de musique. En revanche il devient de plus en plus difficile de trouver des troncs creusés proprement dans le bush, dans le Queensland la plupart des bons troncs ont été récoltés avant 2003 et les didges postérieur à cette période sont de piètre qualité.



Plus on s'éloigne de la source des didgeridoos, plus c'est dur d'en trouver un potable, donc imaginez à Hobart (pour ceux qui ont seché les cours de géographie Hobart est à peu près 4000km au sud des régions où on trouve des didgeridoos). Nous avons donc du nous résoudre à acheter des tuyaux de PVC qui font des instruments tout à fait corrects et qui ont l'énorme avantage de pouvoir etre accordés facilement par nous meme (ce qui est bien quand on veut jouer à plusieurs). L'australie est un pays chère, ce qui se confirme en achetant des tuyaux, entre le PVC, une amende de stationnement et des cires d'abeilles merdiques à prix d'or, nos deux didges nous reviennent à environ 100$. 


Pour corriger cette injustice, il faut faire des sous, et le busk est une manière de faire des sous, on a donc tenté deux formations de busk :
_didgeridoo guimbarde : échec lamentable, on est pas calés puisque Colas ne s'entend pas, je suis loin d'avoir l'endurance nécessaire pour bucheronner une guimbarde pendant plus de deux minutes ce qui accentue encore le pascallage. Malgré tout les gens aiment bien, on a fait 40$ en 30 minutes. 
_didgeridoo sansula : après l'échec de la formation précédente et la mort du travel didge de Colas, on tente une formation didgeridoo en La et sansula en La, ce qui a nécessité l'achat d'un nouvel instrument : jimmy 

(jimmy est un ampli qui fonctionne sur piles avec tout plein d'effets débiles dedans).

Pour nos oreilles ça va mieux, on arrive à peu près à s'entendre quand il n'y a pas de vent, la sansula se joue sans fatiguer donc on peut tenir plus longtemps. Les gens aiment bien , mais pourtant on gagne moins de sous (les conditions météo, le son qui est pas fort gnagnagna). Tant pis, au moins on se fait plaisir en jouant. Enfin, on se fait plaisir, c'est vite dit. Le gros problème du busk ici c'est la mafia. Sur le gros marché de Hobart par exemple, après 10h il est impossible de trouver un emplacement correct parce qu'un (mauvais) groupe de «flute de pan big band » accompagné d'une grosse sono branchée sur une voiture occupe à lui seul 1000m² d'espace sonore sans faire de pause ; et ce à l'encontre des règle du busk sur le marché (mais c'est pas grave ils sont copains avec le placier). 
 elle est pas belle la vie quand on fait la manche avec tout ce matos  ?

Dans ces conditions le stress engendré par la recherche d'un emplacement potable altère légèrement le plaisir de jouer.



Article quatre : le repas de Noël (et dieu dit : « Je doterais les lutins d'un apétit d'ogre et d'une aptitude inégalée à squatter les cuisines. » Et donc, les lutins ont un apétit d'ogre et squattent les cuisine sans retenue. Π VI 3,14 )
En cette période de fetes de fin d'année, le lutin est habitué à participer à différentes festivités invariablement accompagnées de libations gargantuesques, que ce soit avec ses amis lutins ou avec sa famille.
Malgré la distance qui le sépare de sa terre natale, le lutin tient à maintenir cette tradition bien vivante ; et puisque les lois stupides de l'Australie l'empechent de profiter des mets français les plus fins malgré la bonne volontée de ses parents (en se renseignant pour m'envoyer un colis de formage et foie gras ils ont appris que l'envoi de fromage pouvait m'exposer à 1000$ d'amende et à l'expulsion d'Autralie), sa vengeance est terrible.
Après une razia sur le marché de gros, le lutin se prépare une platrée digne des meilleurs restaurants de Hobart :

Après un apéritif élégament offert par les gérants du Hobart hostel (quand on vous dit que c'est un bon backpacker...), nous nous sommes offert un petit saumon en papillotte avec sa sauce à l'estragon et aux deux poivres. (saumon cuit à l'étouffé avec des légumes et aromates variés,accompagné de pommes de terre cuites au four, le tout servi avec une sauce à l'estragon relevée de poivre vert et de baies roses.)



La préparation de ce plat a nécessité une opération délicate : le levage de filet sur saumon entier avec un couteau à beurre. Tout ceci ne fait que renforcer mon admiration pour les poissonniers qui lèvent des filets en moins de trente secondes sans y laisser une arete.

En dessert, une spécialité maison : le quatuor de crèpes banane chocolat (quatre crèpes au lait et demi avec leur bananes grillées au beurre et leur ganache miel/épices).



Tout au long du repas, nous avons dégusté notre dernière fournée de pain, qui commence à démontrer une amélioration certaine de nos qualités de boulangers. (Pain de campagne au seigle, au graines de lin et de tournesol avec des éclats de dates)

Nous avons tous les deux été vaincus par ce repas, j'ai personnellement abandonné après trois crèpes sur les quatre, quand à Colas il a pour la première fois de sa vie échoué à une bouchée de la fin. Le tchai de Noël a attendu le petit déjeuné du lendemain.

En plus de la préparation de ce repas de Noël, nous avons profité de la cuisine du backpacker pour utiliser intelligemment les restes du saumon en les transformant en rillettes.



Voilà pour le guide de survie du lutin, passons maintenant au résumé des touristeries visitées entre l'overland track et Noël.

Pour commencer, après l'achat de la voiture, on s'est payé le luxe d'un petit circuit vers le nord est de la Tasmanie :

Jour 1 : Départ de Hobart après un peu de busk sur un vide grenier, l'objectif est d'arriver en soirée près de Deloraine pour visiter le lendemain un parc national situé sur un karst (ce qui signifie pour les non-géologues qu'on peut y trouver des grottes). Au passage on fait une pause près du great lake avant d'attaquer notre première vraie portion de gravel road, ce qui nous donne droit à quelques jolies vues.



great lake et ses alentours

Jour 2 : on échoue lamentablement au parc national, toutes les grottes ouvertes au public sont horriblement payantes et le parc national n'est qu'un prétexte pour faire payer la visite des grottes encore plus chère, aucun moyen de faire une rando par ici puisque le parc n'est qu'une immense rainforest sans aucun sentier. Petite consolation de la journée : une marchounette d'une demi heure pour voir des gorges assez impressionnantes.

Jour 3 : retour au Launceston Backpacker pour prendre une douche, faire du pain, une lessive et le plein de citrons.

Jour 4 : On se dirige vers le nord est, encore une fois vers un parc national. Après notre échec sur les karsts, on commence à se méfier de l'appellation « parc national » donc on repère aussi sur la carte les zones de conservation sur le chemin.
Après beaucoup de chemin sur gravel road et sous pluie ainsi qu'un petit échec sur un lagon bien moche, on atterrit en bordure du parc national dans la zone de concervation de Musselroe bay. Petite ballade en mode sanglier autiste qui rattrape tous les échecs de la journée, outre le ciel absolument magnifique on ramasse plein de jolis coquillages (que l'on abandonnera par la suite étant donnée leur inutilité).





Musselroe bay

Le soir, premier feu de camp en Australie (enfin) et premières patates à la braise (miam) sous un ciel étoilé.

Jour 5 : On décide de s'enfoncer dans le parc national, mais là encore échec, tout n'est qu'une immense lande parourue de routes pour 4x4 avec quelques ballades sans grand intérêt (marcher une heure dans un maquis de 3m de haut pour atteindre une colline d'où on a une superbe vue sur des champs cultivés n'est pas très excitant). On décolle donc avant la nuit pour descendre jusqu'au parc national de Coles bay (nom au combien ridicule, coles étant également le nom d'une des plus grandes chaines de supermarchés du pays) dont on a vu des photos plutot alléchantes. On passe la soirée sur Coles bay qui est un endroit plutot joli quoique bien trop asseptisé pour les touristes à notre goût.


Coles bay et la chaine de montagne des hazards

Jour 6 : On rentre dans le parc national de Coles bay pour une escalade du mont Amos, une ballade prometteuse qui va se heurter à un obstacle : les australiens. Ces idiots ont une conception des parcs nationaux assez malsaine : il faut payer un pass pour y entrer à pied, ce qui en soit n'est pas vraiment un problème, ce pass donnant également droit d'entrer sur les parcs en moto (ce qui est déjà plus problématique). Mais il existe également un pass pour les voitures (plus chère) qui donne le droit de faire des roadkills en 4x4.
La fourberie ultime vient du fait que les départs de randonnées se font à partir de parkings situés au milieu du parc et accessibles uniquement par la route. Pour y aller il faut soit payer un pass voiture, soit payer un bus navette, soit marcher une heure sur la route en évitant d'etre le prochain roadkill du jour (de quoi rendre le début et la fin de la ballade moins agréables). Et, bien évidemment, la cannette de bière sur le tas d'ordure : certaines parcelles du parc national sont vendues à des privés qui y installent soit leur maison ( doit etre le panneau le plus utilisé en Australie) soit un gros hotel resort.
La montée au mont Amos a beau etre sympatique, elle ne suffit pas à nous faire oublier que dès que l'on se retourne on a une magnifique vue sur le parking, le resort, la route et les cables électriques qui zèbrent l'entrée du parc national.
Heureusement, au sommet on a droit à un peu de paysages pas trop marqués par l'anthropocène.
 le mont amos...


 le sommet...
 et la vue sur wineglass bay

Cette semaine a réussi à nous dégouter définitivement des australiens, ces parasites qui, non contents de polluer sans vergogne (« tu comprends, j'ai absolument besoin de ce pare buffle sur mon 4x4 qui roule à 300km/h sur les gravel road, sinon quand je tappe un kangourou après avoir jeté ma bière par la fenetre je suis obligé de payer un carrossier ») et d'avoir un goût immodéré pour les superlatifs quand ils parlent d'eux meme (à peu près toutes les randonnées des « kings of barbecue » sont « some of the most beautiful trail in the world », et leurs vins sont tous « some of the best wine in the world », sans oublier leurs « tidiest city in Tasmania » affichés fièrement à l'entrée des villes.) arrivent encore à faire de la visite de leur pays un vrai parcours du combattant avec leur tendance abusive à l'usage du « private property » et l'exploitation outrancière de leurs parcs nationaux.Et bien sur comme tous les cabots ils ne se taisent jamais, ce qu'ils feraient mieux de faire quand ils expriment leur opinion sur les « fuckings abos » ou « fucking asians » en oubliant qu'ils ne sont que des immigrés de deuxième génération.
Week end de busk sur Hobart, interrompu précocement par un fermier qui nous propose de ramasser des cerises le dimanche et le lundi. Après deux bonnes journées, on a un contrat assuré pour toute la saison qui commence début janvier, dans une petite ferme bien sympathique, avec accès à tout le confort qu'il faut pour pouvoir dormir sur place et vivre comme des rois en utilisant les cerises abimées pour se faire une réserve de confitures.

En attendant Noël et le repas qu'on commence à s'imaginer plus que de raison, on fait quelques kilomètres vers le sud et on prend un ferry pour passer le reste de la semaine sur Bruny island. Au programme : camping et cuisine au coin d'un feu de bois quasiment tous les soirs, ballades dont une qui est pour l'instant la plus agréablement surprenante que j'ai pu faire (et de loin) mais dont je n'ai malheureusement pas de photo (pour ça il faudra attendre que Colas les mettes sur son blog, vous pouvez aller lui demander). Et pour finir, observation de pingouins, avec des photos peu représentatives, les petites betes ne sortant de l'eau qu'à la nuit tombée et étant assez sensibles aux flashs (ce qui n'empèche pas les touristes australiens d'arriver avec un spot de chantier de 300w).
 Parmis la faune local on trouve un monstre du loch ness (incroyable cet animal, il rend automatiquement les photos floues)
 des pingouins (si si, montez la luminosité de votre écran à fond et regardez bien, on le voit un peu)
 des échidnés (eux au moins ils sortent le jours, c'est mieux pour les photos)
Le "neck" de Bruny island, avec une baie à gauche et une baie à droite.

Maintenant, en attendant le début de la saison des cerises, on squatte Risdon cove, le symbole de la grosse blague Tasmanienne : après avoir persécuté les aborigènes pendant 200 ans, on regrette beaucoup, mais on ne les aide pas pour autant.
Petit cours d'histoire australienne : la Tasmanie a été l'un des premiers états largement colonisés étant donné son climat plus semblable à ce que l'on trouve en Europe. Dès leur débarquement à Risdon cove près de Hobart, les anglais ont trouvé un jeu très amusant, le massacre d'aborigènes. A Risdon cove, trois bonnes centaines d'aborigènes ont ainsi été tuées, femmes et enfants compris, alors qu'ils participaient à une chasse au kangourou sans montrer d'hostilité envers les colons.
S'en est suivie une opération d'épuration très violente et efficace, en effet dès les années 1920, il ne reste plus aucun aborigène non métis en Tasmanie (presque aussi efficace que l'extermination des tigres de Tasmanie).
Plus récemment, le gouvernement fédéral à décidé qu'il fallait rendre aux aborigènes un peu de dignité, et donc leur rendre certains lieus sacrés tout en redorant leur histoire un peu partout.
La Tasmanie où très peu d'aborigène vivent en ayant un souvenir de leurs traditions ou de leurs culture s'est bien sur pliée à ce choix fédéral et a planté partout des panneaux expliquant comment les aborigènes vivaient dans un lieu précis, mais en oubliant à chaque fois d'y préciser que ces panneaux sont construits à partir des écrits des anthropologues de l'époque qui avait une large tendance à ne pas considérer les aborigènes comme des etres humains (d'où une image un peu archaique qui resort à la lecture de ces panneaux).
Petite cerise sur le gateau, le gouvernement de Tasmanie, incapable de rendre la moindre terre aborigène à un aborigène puisqu'il n'y en a plus, a décider de transformer le lieu du débarquement des premier colons en terre sacrée aborigène :
En 1988, lors de la fete du "bicentenaire de l'australie", reconstitution à Risdon Cove du débarquement en Tasmanie. Quelques aborigènes viennent protester contre cette indélicatesse et sont « délicatement » écartés par les forces de l'ordre.
En 1995, inauguration en grandes pompes d'un superbe complexe avec une belle salle polyvalente, une oeuvre en l'honneur des aborigènes, un centre d'éducation (un batiment en préfabriqué où des aborigènes essayent de transmettre leur mode de vie) et une belle esplanade de pelouse avec ses barbecue électriques gratuits. Le tout en ommettant de retirer la borne de béton en mode arc de triomphe posée par les premiers colons sur le meme lieu.
2010, le coin semble désert, personne ne vient s'y promener, les barbecues électriques sont inutilisables depuis longtemps, la salle polyvalente est en ruine, la pelouse en friche et le monument à la gloire des aborigènes est bien peu mis en valeur par les guides touristiques. Rien à faire, c'est un coin super bien situé, avec de l'eau et de l'électricité gratuites, des oiseaux qui chantent le matin et des coins de murs pour jouer du didgeridoo.
Malheureusement après trois jours de squatt sans histoire on se heurte une fois de plus au
 jsute le temps d'errer un peu et on trouve un parc de remplacement à Richmond, sans électricité mais avec un pont, ce qui est bien mieux.


Pour en finir avec cette tartine, je tiens à annoncer publiquement une triste nouvelle. Tellement triste qu'elle a déclanché une vague de suicides parmis la faune locale (attention photos glauques, éloignez les enfants) :




Mon voyage était initialement sensé durer 8 mois, ce qui signifie un retour début Juillet 2011 pour le mariage de Mathieu et Clémence avant d'enchainer sur les 10 du reve de l'aborigène.
Huit mois ça peut paraître long, pourtant quand on arrive en Australie la théorie de la relativité s'impose avec nous avec force. En France huit mois c'est long, au meme titre qu'un voyage de 100km pour aller faire une petite ballade ça commence à faire un poil long. En Australie, il n'y a pas que les distances qui sont multipliées, il y a aussi le temps perdu dans les trajets, surtout quand on ajoute le facteur gravel road. Sachant que je doit travailler un minimum pour pouvoir supporter le train de vie australien, que le pays est vraiment très très grand et qu'il y a vraiment beaucoup de choses à voir, j'ai décidé de dire merde à tous les engagements que j'avais en France pour mon retour et de prolonger mon voyage pour en profiter au maximum. Nouvelle date de retour potentielle : mai 2012, ce qui laisse beaucoup de place à tout un tas de nouveaux projets pour ce voyage (mais rien d'officiel pour l'instant, vous en saurez plus aux prochains épisodes).

D'ici là, joyeux Noël et bonne année à tous. Rendez vous en 2012 pour une session de retour qui sera assez monumentale.